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Vous aimez vous promener à la mer, le sable chaud sous les pieds, ou bien à la recherche de coquillages dans les anfractuosités des rochers ? Moi aussi j’aime la mer.

J’aime la mer mais je constate qu’elle amène sur nos plages une quantité de déchets impressionnante. La faute à la mer, non. Notre faute, oui.

 

Vous avez certainement vu les campagnes de sensibilisation du WWF et pourtant la pollution des océans par les déchets plastiques ne fait qu’augmenter.

 

Pollution océan microfibre plastique polyester fibre synthétique vêtement écologique durable responsable

campagne WWF

 

 

Je me souviens avoir fait un scandale à bord d’un ferry quand j’ai vu devant moi une personne laisser tomber l’emballage de son biscuit, nonchalamment le long du bastingage. Il virevolta un peu le long de la coque, c’était joli, avant de terminer dans l’eau.

 

J’étais choquée par ce comportement et je ne réalisais pas du tout que moi aussi j’avais un comportement semblable. Mais comment donc ? Chaque semaine à la maison, le plus simplement du monde.

 

Ah que j’aime ma machine à laver, clic, clac, ON et c’est parti pour 2 heures. Quand je rentre de ma ballade à la Poste, c’est tout propre. Ce que je ne réalisais pas c’est comment tous les tissus synthétiques (polyester, acrylique, nylon, élasthanne, etc.) allaient se frotter les uns aux autres pendant deux heures et libérer une quantité non négligeable de microfibres synthétiques.

 

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Les voyez-vous ? Non bien sûr, elles sont parties dans les eaux de lavage et de rinçage. Mes vêtements sont bien propres et ces microfibres et microparticules de polyester sont parties loin de chez moi.

 

Microparticules de plastique, c’est quoi ?

 

Vous avez vu les images du huitième continent : le continent plastique (sinon voir ici), fait des mains de l’Homme avec les mêmes déchets que ceux que vous voyez sur les plages. Ça c’est la partie émergée de l’iceberg : la partie (bien) visible.

 

Parce que malheureusement, une grande part de la pollution plastique est invisible. Elle est immergée. Mais surtout elle est constituée de microparticules de plastique invisibles à nos yeux.

 

 

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Invisible, mais….

 

Les microfibres (particules) plastiques en chiffres :

 

◆ Longueur : < 5 millimètres.

◆ Section : quelques micromètres (millième de millimètre).

◆ Quantité : 6 millions de microfibres relâchées pour chaque lavage de 5kg de tissu synthétique.

◆ Entre 20 et 35% des microparticules plastiques présentes dans les océans sont d’origine textile.

◆ L’Europe déverse entre 70,000 et 130,000 tonnes de microfibres chaque année dans les océans.

 

Le lavage des vêtements en machine est une source importante de microfibres. C‘est vrai pour les tissus synthétiques mais aussi pour les fibres naturelles. Pour mieux comprendre les fibres textiles qui composent vos tissus, je vous invite à télécharger, si ce n’est pas déjà fait, les dix fiches mémo pour tout comprendre des fibres textiles.

 

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Je vais regarder mes lessives d’un autre oeil maintenant…

 

Vous pouvez en prendre conscience si vous séchez également votre linge en séchoir. Imaginez : ce que vous retrouvez dans le filtre du séchoir n’est que la partie visible des fibres que vos vêtements ont perdus. Les fibres perdues dans la machine à laver, elles, sont déjà arrivées à la station d’épuration.

 

Alors, qu’est ce qui fait la différence entre une fibre naturelle et une fibre synthétique ?

 

La fibre naturelle se décompose en éléments minéraux par digestion dans les fosses septiques et les stations d’épuration. Le coton bio peut même être recyclé dans un compostage sans aucun problème. Par contre, les fibres synthétiques ne participent pas à l’activité biologique des stations d’épuration. La microbiologie ne se nourrit pas de microparticules. Les microfibres plastiques traversent les installations d’épuration pour continuer leur voyage vers les océans.

 

Parce que ces fibres d’origine textile sont microscopiques, elles ont été sous-estimées, voir ignorées pendant des décennies.

 

Les pollutions plastiques visibles se dégradent également, sous l’effet des rayons Ultra-Violets pour donner… un supplément de microparticules. Retenez bien : de ces produits du pétrole, rien ne se perd, tout se transforme et un cageot plastique de 500 grammes qui flotte sur la mer deviendra un jour 500 grammes de microparticules dans l’océan.

 

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Les déchets ne disparaissent pas

 

Et ce n’est que très récemment que les chercheurs, en s’intéressant à ces phénomènes de dégradation des plastiques en microparticules, ont mis le doigts sur la pollution invisible et massive des océans par nos vêtements en fibres synthétiques.

 

Le polyester est à la mode : de ma garde-robe à mon assiette

 

Cette jolie robe en tissu polyester pour laquelle vous avez craqué l’année dernière se consume petit à petit dans votre machine à laver et se retrouve en mer, chaque jour un peu plus…

 

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Pendant leur trajet, comme pendant leur séjour en mer, les microfibres relâchent quelques composés chimiques solubles dans l’eau, mais cela ne représente pas une part importante de la masse des fibres. L’essentiel reste sous forme de microfibres qui avec le temps s’agglomèrent quelque peu entre elles pour devenir des microparticules, à peine plus grandes, et toujours invisibles et sans goût.

 

A la différence des objets plus grands que les animaux marins peuvent tenter d’éviter d’ingurgiter (mais pas toujours), les microparticules font partie de l’alimentation courante des habitants de nos océans.

 

Les microfibres et microparticules sont invisibles à l’œil nu. Les animaux marins les ingèrent et sans pouvoir les digérer, ils les conservent dans leur corps et dans leur chair.

 

Vive le vendredi, c’est le jour du poisson, fraichement pêché (comment, c’est un autre affaire…), il est dans mon assiette, bien chargé en plastique et je m’empresse de le glisser dans mon estomac à moi. Juste retour des choses !

 

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Photo WWF

 

Plus facile à mesurer, on estime que 90% du sel de table utilisé dans l’alimentation contient des microfibres et microparticules plastiques. Une bonne raison pour manger léger en sel, mais surtout une bonne raison pour changer vos habitudes vestimentaires.

 

Eliminer le problème à la source, c’est réduire ses achats de polyester (principalement) et de produits synthétiques (en général), de ne laver vos vêtements que quand c’est vraiment nécessaire et de réduire la durée du lavage au strict minimum. Merci pour votre garde-robe qui durera plus longtemps et pour le bleu des mers de notre belle planète.

 

Y a-t-il des solutions ?

 

L’industrie de la chimie du pétrole ne ralentit pas. On estime qu’en 2050, elle produira de l’ordre de 2.000 millions de tonnes de plastique par an, à digérer par la planète d’une manière ou d’une autre. Burps…

 

Et ma jolie petite robe polyester ? A l’heure actuelle, les fibres synthétiques représentent plus de 60% des fibres textiles produites annuellement. Avec une tendance à la hausse.

 

Que peut-on faire et que fait-on vraiment pour changer les choses ?

1- La loi

 

Euhhhhh… J’ai beau chercher, il n’existe pas de législation visant à réduire l’arrivée de microparticules dans les océans. On pourrait en interdire la fabrication, les attraper à la source (filtre sur la machine à laver) ou les filtrer plus loin dans leur périple, mais rien n’est fait. En l’absence de contrainte législative, aucune solution technique n’est mise en place.

 

L’Europe a voté en 2018 une norme pour l’interdiction des objets à usage unique en plastique, c’est un premier pas encourageant.

 

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Malheureusement, ce premier pas ne concerne que la partie émergée de l’iceberg, les objets du quotidien qui sont bien visibles : gobelets, coton tiges, etc. Restent nos tissus synthétiques, dont le polyester représente la plus grande partie. Que faire, alors que l’urgence est grandissante et que le développement de solutions techniques prendra énormément de temps ?

 

2 – Les industriels

 

Les industriels commencent à se mobiliser sur la question. En 2017, le sommet de la microfibre à Santa Barbara a rassemblé des industriels du textile, des chercheurs et des organismes gouvernementaux américains. Ils ont établi une fiche de route sur 5 années pour tester des solutions innovantes pour réduire la quantité de microparticules de plastique rejetées en mer.

 

D’autre part, la Commission Européenne soutient l’initiative des industries du textile et des détergents et savons, qui réfléchissent au problème et cherchent des moyens pour encourager les bonnes pratiques et pour développer des solutions industrielles.

 

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Une toute petite partie de nos déchets qui se rappelle à notre “bon” souvenir.

 

Comme pour l’arsenal législatif, la mise en place de solutions industrielles prend du temps et à ce stade aucune piste efficace n’est encore clairement identifiée.

 

3 – Et chez vous…

 

Loin de représenter une grande puissance industrielle, les citoyens que nous sommes peuvent aussi apporter leur pierre à l’édifice. Au lieu de supporter l’industrie chimique en leur achetant par milliers des produits issus du pétrole et d’encourager la production de toujours plus de déchets non recyclables, nous pouvons réorienter notre démarche de consommateurs.

 

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Ce sont mes vêtements de sport et de Yoga que je regarde différemment aussi…

 

Personnellement, ma formation d’ingénieure m’a fait réfléchir à la pose d’un filtre « à fibres » sur la vidange de la machine à laver. Plus facile à dire qu’à faire, les machines ne sont pas conçues pour pousser l’eau à travers un filtre et le nettoyage fréquent du filtre reste une difficulté. Ce n’est pas prêt, mais je n’abandonne pas, je réfléchis…

 

En attendant l’idée lumineuse, je fais attention à la composition des tissus que je porte. Que je les couse (pour la plupart) ou que je les achète (quand même parfois), je lis les étiquettes : les fibres synthétiques sont exclues de ma garde-robe, tout comme les fibres mélangées dont le recyclage est impossible.

 

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Check, check et re-check toutes les étiquettes !

 

A vous de jouer maintenant :

 

◆ Lisez les étiquettes,

◆ Dites OUI aux fibres naturelles, le coton, le lin, la laine,

◆ Portez vos vêtements plutôt deux fois qu’une avant de les laver,

◆ Réduisez la durée des lavages (et la quantité de détergent ;-),

◆ Evitez les adoucissants, le coton c’est tout doux,

◆ Et surtout, dites NON au polyester, aux fibres synthétiques et aux fibres mélangées.

 

 

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Sources :

◆ Evaluation of microplastic release caused by textile washing processes of synthetic fabrics

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749117309387

 

◆ Polyester Textiles as a Source of Microplastics from Households: A Mechanistic Study to Understand Microfiber Release During Washing https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.est.7b01750

 

◆ The presence of microplastics in commercial salts from different countries

https://www.nature.com/articles/srep46173#conclusions

 

◆Crédit photo WWF

https://www.wwf.fr/champs-daction/ocean

 

 

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Nos océans: pas juste une photo instagrammable…

 

 

 

 

Mars'elle

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Join the discussion 10 commentaires

  • Anna dit :

    C’est bien dit moi je mets que des matières naturelles le reste je ne supporte pas et je lave en prenant ma douche froide (été comme hiver) avec mon seau. litres d’eau pas une de plus. Je vous dis pas les économies. Je dois faire une machine par mois maxi. Au fait on fait comment pour épingler sur pinterset moi je sais pas faire.

  • Murielle dit :

    Je suis dans la même optique; couture de mes vêtements en fibre 100% naturelles et bio… ça prend du temps et c’est pas donné (le prix des cônes de surjeteuse en coton bio fait pâlir). Je suis aussi sportive et porter des fibres naturelles pour le sport ne me dérange pas (c’est même plus agréable, par exemple la laine de mérinos qui ne sent jamais mauvais)… Mais je sèche sur la question des sous-vêtements, je suis décidé à les faire moi même tant c’est impossible d’en trouver sans fibres mélangées… Mais les créatrices de patron conseillent vraiment l’emploi de tissu avec élasthanne (voir le patron: https://petitpatron.com/boutique/lingeries/patron-culotte-paola/ par exemple) et puis il y a aussi la question des élastiques (en matière synthétique mais comment remplaçable dans les culottes et soutien gorge?). Bref je suis ravie de voir que quelqu’un du monde de la couture et du textile se préoccupe de ses questions, mais trouver des solutions couture seule dans son coin n’est pas évident! Merci pour cet article

    • Mars-Elle dit :

      Merci Murielle pour ce super témoignage. Et oui, pas simple du tout de trouver des alternative tant notre société est engagée dans la logique des fibres chimiques et ou mélangées. Mais cette réflexion est passionnante. Pour les élastiques de lingerie, je n’ai pas de solution à te proposer. Je suis en train de commencer à me coudre mes culottes (j’ai un peu de blocage à ce niveau là). Mais la réflexion en doit pas s’arrêter la. Pour moi, ce qui est fondamental, ce n’est pas de tout faire à 100% “comme il faut”, mais bien de cheminer durablement dans une reflexion globale sur notre empreinte écologique ! Belle couture Murielle et n’hésites pas à partager ton chemin et tes réflexions avec le reste de la communauté couture, je suis certaine que tu peux en inspirer plus d’une !

  • Milla dit :

    Je suis ce qu’on pourrait appeler “écolo” (même si je hais les étiquettes) et pourtant je n’ai jamais entendu parler de ce énième problème ! J’ai vraiment l’impression qu’on nage en plein cauchemar ! Pas un jour sans une mauvaise nouvelle pour l’environnement…
    Je suis une grande fan des fibres synthétiques qui s’adaptent bien à ma morphologie (élasthanne) et qui ne nécessitent pas de repassage, et qui sont plutôt résistantes., alors imagine mon désarroi …
    Une solution “facile” serait effectivement de modifier les machines pour qu’elles captent à la source ces fibres (un peu comme les filtres à particules des voitures, même s’ils en laissent quand même passer…) mais bon inutile d’attendre les pouvoirs publiques la-dessus…

    • Mars-Elle dit :

      Bonjour Milla. Les recherches vraiment poussées sur la questions des micro-fibres des tissus synthétiques sont vraiment assez récentes, longtemps ce sujet a été ignoré… Et effectivement, les problématiques d’impacts écologiques ne sont absolument pas simples, et on a envie de croire en une solution miracle. Je te comprends bien, si j’ai depuis longtemps préféré les fibres naturelles pour mon quotidien, j’ai beaucoup de mal à ne pas utiliser les fibres synthétiques pour le sport notamment… Mais une des solutions est de s’informer pour toujours mieux appréhender l’impact de nos actions pour avancer pas-à-pas vers un futur plus durable.

  • Mathilde dit :

    Merci pour tes messages toujours fort bien documentés! Je n’achète plus de vêtements synthétiques (ni de viscose) depuis plusieurs années mais j’ai encore des vêtements du commerce qui sont plus vieux que ça (notamment des vêtements de sport) et je me dis que les jeter ne résoudra pas le problème… j’ai cherché une solution et j’ai vu un sac de lavage Guppyfriend qui évite le passage des micro-particules dans l’eau lors du lavage mais… il est 100% polyamide alors je me pose la question et ce sac, ne met-il pas à chaque lavage des micro-particules dans l’eau aussi??? Tu connais? Si tu as un avis sur la question, je suis preneuse!
    Je me suis rendue compte ce weekend qu’à force d’en parler et de me voir faire mon homme faisait extrêmement attention aussi. Il a besoin d’une nouvelle veste pour le sport et en m’en faisant voir une il m’a dit “ah mais non, ça ne va pas… elle est en matière synthétique, elle rejettera plein de micro-particules à chaque lavage”.
    Bref… ce n’est pas simple mais chaque petit pas compte.
    Bonne journée

    • Mars-Elle dit :

      Merci Mathilde pour ce commentaire. Effectivement, ces questions ne sont pas évidentes. J’ai aussi beaucoup de mal face à mes fringues de sport. Mais un petit pas à la fois, ça compte, c’est certain !

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