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J’ai longtemps hésité à parler de ce sujet ici.

Parce que c’est tellement éloigné de la bonne énergie positive de Mars’elle.

Mais c’est un sujet qui me touche. Et s’il me touche, il vous touche peut-être (probablement aussi).

L’éco-anxiété et moi

Est ce que je dois vraiment vous peindre le tableau de mon été ? C’était probablement le même que le vôtre à peu de chose près.

Sec. Chaud. Trop chaud. Beaucoup trop sec. Scruter la météo à la recherche d’une inflexion. Entendre les agriculteurs désespérer. Regarder les glaciers fondre à vue d’œil. Voir le ciel se voiler de l’ombre des méga-feux. S’organiser pour les coupures d’eau nocturnes du village de vacances.

Anxiogène… et pas qu’un peu.

Sauf que c’est les vacances et je donne tout pour ne pas sombrer dans les bras de ce désespoir. Les vacances après tout c’est pour le plaisir ? Pour se faire plaisir ?

Bref, j’oscille comme un métronome déréglé entre joie et crise d’angoisse. 

Pourtant ma connaissance de la situation climatique générale n’est pas nouvelle… Je vous en parle souvent, l’écologie fait partie de mes fondamentaux et des valeurs qui définissent Mars’elle.

Mais c’est là que se trouve pour moi toute la différence entre les connaissances et les sens.

Des phases intenses d’éco-anxiété, j’en ai traversées d’autres :

  • Quand j’ai découvert, il y a environ 10 ans, au fil de mes recherches, combien ma nouvelle passion pour la couture et pour les tissus pouvait être polluante (Surtout à cause des tissus choisi sans connaître les dessous de l’industrie textile)
  • Quand j’ai écouté l’interview de Pablo Servigne sur Thinkerview (tient tient, c’était juuuuuste avant de lancer Mars’elle)
  • Quand j’ai suivi, incrédule, l’inaction des politiques après la valse médiatique des COP 21, COP 26 et autres tentatives de changement global.

Cet été, j’ai senti, vu, entendu, gouté tout ce que je savais pourtant déjà.

Et la sensation d’angoisse et décrassement est vertigineuse.

Vous voyez le tableau.

Vous le voyez très bien, parce que à votre façon, vous le vivez certainement aussi.

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Et puisque ce sentiment est de plus en plus partagé, un mot arrive pour nommer ce vertige : l’éco-anxiété.

Qu’est ce que l’éco-anxiété ?

L’éco-anxiété est un néologisme, né de la contraction de « écologie » et « anxiété ». Ce n’est pas un nouveau mot. Il a été utilisé pour la première fois dans les années 70, il a été popularisé au Etats-Unis dans les années 2000 et n’arrive chez nous que depuis quelques années.

C’est un mot qui a été crée pour nommer un état anxieux lié aux changements climatiques. Aujourd’hui, de nombreuses études ont été faites sur cette forme d’anxiété et ont permis de montrer que :

  • les jeunes sont en général beaucoup plus touché par l’éco-anxiété
  • l’éco-anxiété ne touche pas nécessairement les personnes qui sont déjà plus anxieuses.

L’éco-anxiété n’est pas répertoriée comme une pathologie ou maladie mentale. Pour la plupart des chercheurs il s’agit d’une anxiété qui serait en fait une réponse rationnelle et saine face à la gravité des problématiques environnementales.

Nous voilà bien avancé. C’est une forme saine de réaction face a l’ampleur de ce qui nous attend. Et puis ?

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Et puis nous nous devons d’apprendre à vivre avec ça.

Voici selon moi les différents chemins possibles.

Que faire quand l’éco-anxiété nous immobilise ?

1 Les étapes du deuil

Cette éco-anxiété, a chaque fois pour moi été une suite de sentiments très contrastés. Aujourd’hui, en vous écrivant ce que j’ai vécu et en faisant des recherches sur le sujet, je me rends compte que ce sont exactement les étapes du deuil.

Passé le choc, il y a le déni, puis la colère, la tristesse, l’acceptation et enfin, au bout du tunnel, la reconstruction.

C’est une suite de sentiments bien connue et pourtant très inconfortable à traverser. Et par peur de souffrir, on préfère rester dans le déni, voir dans la colère. Mais cette stagnation a deux effets pervers :

  • l’inaction générale
  • l’accumulation de dissonances cognitives (le fossé qui sépare nos actes et nos discours ou croyances)

Alors comment sortir de là ?

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2 En parler

Si le deuil d’une relation, d’un être cher est un voyage peut être très personnel, intime et silencieux, je suis persuadée que le deuil lié à l’éco-anxiété lui doit se vivre collectivement. En effet, c’est un deuil qui nous touche collectivement, dont nous sommes victime et bourreau collectivement et pour lequel nous devons trouver des solutions collectivement.

Parler de ses peurs, des ses angoisses et de son éco-anxiété me semble primordial.

Mais ce n’est pas facile. Parce que même si l’opinion publique avance sur ces questions, il y a encore une majorité de personnes qui sont dans l’ignorance ou dans le déni.

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Bref, en parler OUI, mais pas avec n’importe qui.

Parce que parler de ces angoisses permet de mieux les comprendre, mais aussi de passer vers l’acceptation qui est une étape fondamentale vers la reconstruction.

3 Aligner ses actes

Alors oui, quand on a accepté, la dernière étape qui semble être complètement hors de portée au moment du choc, est de se reconstruire.

Mais concrètement, ça veut dire quoi ?

Ça signifie se remettre en question et se mettre en action vers une vie plus alignée avec cette nouvelle réalité. L’angoisse naît d’un sentiment d’impuissance face à une catastrophe annoncée. Penser que nous sommes impuissants est une forme de déni facile nous évitant de nous remettre en question et amenant directement à l’inaction. Mais nous ne sommes pas complètement impuissant.

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Reprendre en main son action, changer sa façon de vivre, de consommer, de parler, de communiquer sur le sujet, ça nous permet de nous réaligner et de sortir de ce sentiment d’impuissance. Ce n’est certainement pas simple. Mais c’est la seule façon de sortir de ces dissonances cognitives qui finissent par nous écraser.

4 s’informer ou ne pas s’informer ?

Et pour aller plus loin, une de mes question récurrente est de savoir si oui ou non, je continue à m’informer. Parce que la presse est anxiogène.

Mais ne pas s’informer, c’est une forme de déni. Ma réponse à cette question est très personnelle et ne s’applique peut être pas à vous. Nous avons toutes une réponses différentes face aux informations des média.

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Globalement je me garde très peu informée des « informations quotidiennes ». Par contre, je cherche des informations plus « de fond » sur l’environnement et la société en général.

  • Dans la catégorie 100% engagée pour l’écologie, personnellement j’aime beaucoup le contenu de « Bon pote » toujours très bien argumenté, mais surtout c’est un média qui donne ses sources.
  • Dans un autre genre, je suis toujours épatée par la qualité des intervenants sur les podcasts « Vlan » et « Sismique » tant sur des sujets de société que sur l’écologie.
  • Et enfin, dans un format très inattendu, je sur-recommande la lecture de « Un monde sans fin » de Yann Jancovici.

Comment est ce que vous vivez avec votre éco-anxiété ?

Vous êtes dans quelle phase ?

Je suis super intéressée de connaître vos ressentis, mais aussi choix d’information pour rester informées tout en ne sombrant pas dans l’angoisse permanente.

Mars'elle

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Join the discussion 4 commentaires

  • Claire dit :

    Je ne connais pas les podcasts cités.
    J’aime bien écouter “la Terre au carré” de France Inter et “Nouveau modèle” sur les questions liées au textile

    • Mars-Elle dit :

      J’aime beaucoup “Nouveau modèle”, c’est vraiment une mine d’info super bien expliquées et détaillées. Par contre, je n’écoute pas souvent la Terre au carré, ou alors, juste “par hasard”.Mais ça me donne envie d’y retourner. alors merci beaucoup pour ça !

  • Grâce au flacon de fleurs de bach qui va bien, j’ai moins envie de mordre (alors qu’à la rentrée, pétard, rien n’allait). Et j’avance. ça marche par vague chez moi, parfois l’abattement, souvent la colère, parfois la bienveillance, quelquefois l’amertume… pas sûre d’être rendue à l’étape qui serait l’ultime et définitive de l’action reconstruction. J’y suis parfois, et parfois je retombe. Je suis heureuse pour l’instant d’être dans une équipe de travail pas parfaite mais qui a (dans l’ensemble) envie d’avancer (on participe tous.tes ensemble au challenge “ma petite planète” ce mois-ci), ça me fait respirer. Et je me gorge de culture (théâtre, cirque, cinéma) pour nourrir l’imaginaire positif, hors de ce stress du besoin climatique. Niveau infos, je me préserve, elles sont rarement bonnes. Intéressant de lire ton partage, c’est humain et ça renvoie moins à l’obligation de toujours rester positive dans un contexte qui pousse à la déprime. Bravo à toi aussi pour ça!

    • Mars-Elle dit :

      L’injonction au tout positif est MON sujet du moment ! Mais oui, je me reconnais aussi dans ces vagues que tu décris. Et cette colère qui grande parfois pas uniquement intérieurement. S’entourer de personnes qui veulent avancer, c’est un très très bon début !

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