A partir d’aujourd’hui Mars-Elle devient Mars’elle.
Mais qu’est ce qui se cache derrière ce changement de typos ?
Est ce que j’ai décidé de faire la guerre aux traits d’union ?
Est ce que par hasard je n’avais plus de « e » majuscule en stock ?
Malheureusement c’est une histoire un peu moins fantaisiste qui m’a amenée à changer de nom après plus de 2 ans de bataille.
Voici ce qui s’est vraiment passé en coulisses.
Le dépôt de marque ou le début des problèmes
début 2020, alors que Mars-Elle se développe bien et suit son bonhomme de chemin, je ne sais pas très bien ce qui me prend, mais je ressens l’envie de déposer le nom de marque.
L’envie de dire au monde, « ça c’est Mars-Elle ». De « marquer » le coup. De faire reconnaître son existence.
Le dépôt de marque est une procédure administrative qui a pour but initial de protéger les marques, logo, etc contre la contrefaçon et le plagiat. Pourtant je n’ai que très peu de risque de souffrir de ce type de galère. Mars-Elle reste un projet relativement confidentiel qui s’adresse à une niche de couturières engagées.
Bref, j’ai le besoin de faire reconnaître Mars-Elle officiellement et de l’inscrire dans les anales officiels.
Je demande conseil auprès d’un avocat spécialisé qui m’averti que ça va être dangereux. Déposer une marque, c’est risquer que de grosses marques nous repèrent et, sous prétexte d’une vague ressemblance de loin dans le noir, ne lancent leurs batteries d’avocats en rangs par quatre pour venir dépieuter un petit projet inoffensif.
Aurais-je du écouter ce conseil avisé ?
Certes, mais je décidé quand même de me lancer.
Se battre et y croire vraiment
La demande de marque est déposée, et après quelques mois, je reçois les premières hostilités. Le magazine ELLE me demande d’annuler immédiatement mon dépôt de marque sous peine d’une attaque de leur part.
A cette étape la, j’analyse l’ensemble des combats engagés par ELLE contre le dépôt de petites marques qui leurs semblent trop proches. Et dans la marrée de jurisprudence négative (victoire du géant ELLE), se trouvent des marques qui ont sorti leurs épingles du jeu et qui ont réfuté les arguments, un a un, pour finalement obtenir gain de cause.
J’étudie tous ces dossiers au jargon incompréhensible pendant des dizaines d’heures.
C’est épuisant, mais très instructif.
Je crois vraiment dur comme fer au fait qu’il n’y a pas de confusion possible entre ELLE et Mars-Elle. D’ailleurs, personne ne m’a jamais, jamais, mentionné une potentielle confusion.
Je décide alors de continuer la procédure et de défendre Mars-Elle (et à défaut Mars-elle) malgré les courriers d’avocats menaçants du magazine ELLE.
La longue bataille
A partir de ce moment se sont succédés des vagues de découragement suivies par des moments de force et d’énergie. La procédure d’argumentation administrative est enclenchée, et il faut tenir le choc :
- Répondre à des dossiers de centaines de pages d’un charabia agressif et de mauvaise foi.
- Se poser pour trouver les arguments constructifs.
- Et le pire : attendre la prochaine vague.
De droit de réponse en droit de réponse, les dossiers s’accumulent et le temps passe.
Plus de deux ans s’écoulent avec cette épée de Damoclès au dessus de Mars-Elle.
C’est une période très dure pour le moral et pour la créativité. Les courriers d’avocats n’ont pas vraiment un effet positif sur mon énergie.
Mais on fini par voir le bout de cet échange extrêmement pesant.
La douche froide du verdict
Par un énième recommandé officiel, la conclusion de l’organisme de protection de la propriété intellectuelle tombe :
- il n’y a aucun risque de confusion entre les deux marques,
- il n’y a aucun risque de préjudice vers la marque reconnue ELLE,
- Cependant Mars-Elle ne peut pas être déposé parce que le magazine ELLE a aussi déposé son nom dans les classes de tissu et d’impressions textiles (ce qui est différent des vêtements, hein), même s’ils n’ont jamais rien produit sur le sujet, ils sont prioritaires pendant 5 années.
Bref, toute cette bataille était perdue d’avance. Tous nos arguments ont fait mouche. Et pourtant, la structure est faites pour protéger les grandes entreprises « historiques » en leur permettant de déposer leur marque pour des produits qu’ils ne produisent pas du tout.
BREF, c’est le choc.
Et pour couronner le tout, je reçois dans la foulée les menaces des avocats me sommant d’arrêter d’utiliser « Mars-Elle » ou « Mars-elle » sous peine d’amende.
Une proposition étonnante
A ce moment je décide de continuer à parler avec les avocats et de revenir sur une vielle proposition qui était de changer Mars-elle en Mars’elle.
Deux ans auparavant, j’avais refusé cette proposition, ne voyant pas la différence que cela pouvait bien faire.
Mais a ce stade de la procédure, Mars’elle me semble une vraie bonne option. En effet, j’ai passé des journées entières à chercher un autre nom. Une marque complètement différente. Mais il faut quelque chose qui tout à la fois :
- fasse du sens (Mars’elle c’est un doux mixte entre l’engagement, la force et la virilité du dieu Mars, et la féminité, la joie et la douceur de « elle »).
- Soit joli à prononcer
- Ne soit pas déjà utilisé dans le monde proche ou loin de la couture
- Et surtout, surtout ne soit pas trop proche d’une de ces grandes marques surpuissantes.
Autant vous dire que je n’ai rien trouvé qui me motivait. Rien qui allumait l’étincelle. Mars-Elle, ou Mars’elle, revenait toujours dans mon esprit. J’ai conscientisé à quel point je ne voulais pas perdre cette identité.
Avec Mars-Elle, j’ai pu créer toutes ces pépites.
Alors j’ai choisi de tout donner pour ne pas la perdre. Et je suis revenue sur cette proposition passée qui tout d’un coup prenait beaucoup de valeur à mes yeux.
Et finalement, à ma plus grande surprise, ça a été accepté. Je pense que les avocats ont pour mission de gagner un maximum de procédures en dépôt de marque, et c’est tout. Comme cet accord intervenait après leur victoire, pour eux, ça n’avait pas d’impact.
La vérité, c’est que même après plus de deux années de plongée en apnée dans le jargon des avocats de la propriété intellectuelle, je n’y comprends toujours rien.
Pourquoi accepter Mars’elle et pas Mars-elle ?
Peut importe en vrai. Maintenant Mars’elle existe ici. Et c’est tout ce qui compte.
Problème de communication
Il se passe toujours beaucoup de choses en coulisses : des étapes importantes, décisives parfois, douloureuses de temps en temps. Et je me rends compte combien j’ai encore du mal à communiquer sur ces étapes avant d’avoir une conclusion à vous présenter.
Même quand ces étapes durent des années.
La réalité d’un business n’est pas toujours rose, ni simple. Ce qui rend le partage moins positif. Et je n’ai pas envie de me plaindre. Une partie que j’adore avec Mars’elle (z’avez vu, je fais le changement de nom sans réfléchir )😂 c’est justement d’envoyer le plein de bonnes ondes dans tout ce que je communique 😉 … du coup je communique beaucoup moins (voir pas du tout) sur les sujets douloureux.
Aujourd’hui je vous fais confiance en partageant les détails de cette histoire qui a bien trop durée.
Aujourd’hui, ensemble, nous ouvrons un nouveau petit chapitre. Mais Mars’elle reste. C’est juste une question d’orthographe, à peine : de typos. Et comme je suis profondément dyslexique, Mars’elle ou Mars-Elle, en réalité, ça ne fait pas beaucoup de différence ! Pour une fois que ma dyslexie me rend la vie plus simple, autant en profiter 🤪